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Sciences sociales et design des futurs, par Olivier Wathelet

Dans la dynamique de recherche sur le système alimentaire impulsée par Zoé Bonnardot, chercheure et enseignante référente du second cycle du Bac+5 Design global, sont abordés deux pans de la conception : le design systémique et le design d’expérience.

« Vivre aujourd’hui l’alimentation de demain »

tel était le sujet de workshop proposé aux étudiants de 4e année pour questionner le design des futurs.

Pendant 5 jours, ils ont eu pour objectif de rendre tangible les possibles conséquences des transitions alimentaires en cours pour faciliter le dialogue avec une audience politique et industrielle.

Et quel meilleure exemple qu’un cas concret pour illustrer le propos ? C’est donc en s’appuyant sur un travail prospectif (scenarii et étapes d’actions) effectué par le Pôle de compétitivité belge Wagralim (accompagnant le secteur agroalimentaire) que les étudiants ont été invités à produire des objets d’interpellation qui favorisent la mise en débat des futurs envisagés.

Pour les accompagner dans leurs réflexions et processus de création ; Olivier Wathelet, anthropologue, fondateur de Users Matter et cofondateur de Making Tomorrow.

Olivier, vous êtes Docteur en anthropologie. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours et les connexions entre anthropologie et design ?

Le point clé de mon parcours, c’est que je suis docteur en anthropologie. Donc il est vrai que je ne me destinais pas au design, mais en cherchant à développer une activité concrète au-delà de la recherche, je me suis connecté à l’innovation dans le champ du sensoriel.

J’ai travaillé chez Paul Bocuse puis à la R&D du groupe Seb et pour être un acteur de l’innovation, je me suis intéressé au travail des designers pour trouver des outils pertinents.

Ce que j’ai donc appris à faire, c’est mixer sciences sociales et design. Et ça tombe bien parce qu’il y a tout un champ du design qui s’appuie sur les sciences sociales !

Il y a 8 ans, j’ai fondé une première agence Users Matter qui propose à ses clients, grandes entreprises et collectivités, d’innover en combinant l’anthropologie et le design. Parallèlement, pour répondre à des demandes plus stratégiques, avec 2 camarades, nous avons fondé Making Tomorrow, un collectif qui pratique le design prospectif y compris le design fiction. Notre métier, c’est d’aider des entreprises et des collectivités (ministères, régions, départements, métropoles) à se projeter dans l’avenir, à se l’approprier, le domestiquer et jouer avec, donc à faire des hypothèses et des choix éclairés. Et ensuite ? Bien sûr, décliner ces apprentissages soit sous la forme de stratégie d’entreprise, soit sous la forme de nouveaux produits et services.

Quel est l’intérêt aujourd’hui de travailler sur du design fiction ?

Le premier bénéfice est que l’on va travailler sur des projets de produits et services en prenant en compte le temps long. C’est-à-dire que lorsque l’on veut innover sur une cafetière comme j’ai pu le faire dans l’industrie, c’est relativement facile. On observe les consommateurs et les usages actuels pour identifier des points d’évolution et d’améliorations. Quand on parle du futur, on va plutôt s’intéresser à des sujets de changement plus complexe, tel que par exemple, la consommation des légumineuses. On sait que c’est une transformation sociétale importante, mais elle va peut-être prendre 10 ans pour advenir, tout en identifiant dès à présent, les actions et innovations à mettre en place. Et ça, c’est mon métier au sein du collectif Making Tomorrow.

Quel a été l’objet de ce workshop ?

Le premier but de ce workshop était de faire découvrir aux étudiants ce qu’est véritablement le design des futurs et de le mettre en œuvre dans le cadre d’une situation de commande. Le second était de démontrer à un partenaire les deux pieds dans l’industrie, comment faire usage du design fiction pour mobiliser son écosystème et développer des innovations pertinentes face aux défis de demain.

Un sujet d’étude réel : Wagralim

Nous avons donc proposé l’exercice à Wagralim, qui est un pôle de compétitivité agroalimentaire en Belgique qui stimule et soutient l’innovation sur le territoire wallon dans ce secteur. Nous avons la chance que Wagralim ait réalisé en amont une démarche de prospective, on a utilisé dans notre démarche, les scénarii d’avenir et les principes d’action pour les entreprises qui en découlent. Concrètement, ils préconisent aux entreprises de mener un certain nombre de projets pour être plus résilients face aux transformations qu’ils ont très précisément identifiées sur le territoire. Nous avons cherché à rendre ces principes crédibles, appropriables et débattables

Du sujet à la matérialisation

La limite des préconisations est que cela reste du discours sur des risques, et les entreprises ont souvent du mal à se l’approprier. C’est précisément là que l’on intervient via le design des futurs pour leur permettre de mieux se projeter. La démarche que nous avons proposé aux étudiants était de rendre concrets ces scénarii d’avenir sous la forme de produits ou d’entreprises fictionnels pour que les entrepreneurs du territoire wallon, lorsqu’ils les verront, puissent se dire  » Ah oui, OK, je comprends mieux ce que vous mettez derrière ces scénarii et je comprends mieux les implications que cela représente pour moi. »

Pourquoi avoir fait appel à Wagralim ?

Pour aller au-delà d’un propos théorique, et toucher du doigts les difficultés et pièges de la mise en place de projet de design des futurs, nous avons souhaité proposer aux étudiants une application concrète. Nous avons donc échangé dès le premier jour du workshop avec les équipes de Wagralim, pour qu’ils nous nourrissent sur les analyses et leurs publics, ce qui a nourri toutes les différentes étapes du workshop.

Dans une approche prospective de ce genre, la compréhension du besoin du client est fondamentale. C’est d’elle que dépend le type de fiction et de mise en scène que vous allez créer.

Pour aller plus loin, nous avons fait le détour de la science-fiction pour se projeter. Mais, une fois qu’ils ont posé ce cadre fictif avec la prospective et la SF, ce qu’on demande aux étudiants, c’est de faire du design « classique » tenant compte des contraintes et du cahier des charges qui sont fictionnels. Le succès de ce type de mission arrive quand on parvient à jongler sur ces deux pilier, fiction et action, sans que l’un domine l’autre. C’est vraiment stimulant.

Quel regard portez-vous sur cette semaine passée à l’école ainsi que sur les travaux des étudiants ?

La première chose qui saute aux yeux, littéralement, c’est l’école est son cadre vraiment extra. L’équipe est super accueillante, il y a eu beaucoup d’échanges, de sorte que c’est vraiment très gratifiant d’y passer une semaine.

Ensuite, j’ai trouvé que les étudiants ont montré une très belle capacité d’autonomie créative. On ressent que ce sont des étudiants de cycle master, capables de prendre position, d’agir sans forcément attendre qu’on leur donne des directives. On est davantage dans un accompagnement avec des piliers méthodologiques que sur le partage d’un check-list d’étapes à réaliser avec un mode d’emploi. A mes yeux, cela traduit une réelle maturité et je trouve ça vraiment intéressant et remarquable.

Un message à transmettre à des étudiants designers ?

Aujourd’hui les étudiants designers sont habitués à travailler le graphisme, le produit et service, ou encore l’espace… et le design des futurs constitue encore une pratique marginale. Pourtant, au sein des entreprises et collectivités, elle prend de l’ampleur et il y a véritablement des rôles à jouer et de belles choses à proposer dans ce champ du design.

Je constate qu’une véritable industrie de la prospective se développe actuellement, concomitamment à une attente sociétale et des entreprises croissante pour mieux comprendre les futurs. En 5 ans, ça a même explosé. Mais tout cela reste encore en partie expérimental, il y a donc vraiment un marché qui se construit, et une opportunité pour des designers de construire un projet professionnel en étant à l’avant-garde.

Et à tous ceux qui ne veulent pas se dédier au design des futurs à proprement parler, ce qui est évidemment la majorité des étudiants, j’ai envie de leur dire que cette approche du design représente une ressource extrêmement intéressante à mettre dans sa boîte à outils professionnelle. Car aujourd’hui, aucun projet n’est mené sans que l’on parle d’impact, de responsabilité, de stratégie. Or, tout ceci se déploie dans un temps long. Aussi, être capable d’avoir un propos sur les futurs, de le comprendre, de l’injecter comme un outil à part entière, tout cela a beaucoup de valeur, voire tend à devenir nécessaire.



Quelques exemples de projets proposés :

Alika est un projet de start up qui propose l’utilisation de la caroube une fève naturelle, au goût proche de celui du cacao, par le biais de la biosynthèse, pour concevoir des produits, dérivés du chocolat, tels que les boosts ou pots d’alicaments, qui ne se contentent pas de satisfaire les papilles, mais promettent un gain d’énergie et des capacités cognitives ou contribuent tout simplement à un mieux-être.

Face à la baisse significative du taux de nutriments dans les légumes, en raison de la surexploitation des sols, de l’effet de dilution et du manque de lumière, Bodje est un kit dédié aux maraîchers wallons, composé de 3 éléments correspondant aux trois causes identifiées : une poudre à mélanger aux graines avant les semis, un liquide à injecter dans l’eau d’arrosage, l’exposition à une lumière favorisant la photosynthèse.

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