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Workshop Ciment social – Entretien avec Pauline Escot et Clément Bonet

Pauline Escot est designer graphique et Clément Bonet est designer, cofondateur d’Etrange Ordinaire, une agence de design centrée sur les usagers. Ensemble, ils ont encadré les étudiants de 4e et 5e année pendant 4 jours de workshop sur une problématique de design social et de service.

Quel est votre parcours dans les grandes lignes ?

Pauline : « J’ai intégré Normal sup pour préparer l’agrégation d’arts appliqués en vue d’enseigner. J’ai ensuite commencé un doctorat sur le thème du designer graphique et son rôle citoyen dans la ville contemporaine, sous la direction de Catherine de Smet, historienne du graphisme et spécialisée sur le lien entre le graphisme, l’espace et les signes dans la ville. Je suis arrivée très tard dans une formation spécialisée en design graphique ce qui fait que j’ai toujours eu cette vision du graphisme appliqué à d’autres domaines pour avoir au final une approche très globale du design. Aujourd’hui, j’ai un double statut de designer graphique indépendante dans des collectifs mais aussi d’enseignante en DNMADE spécialisé dans l’innovation sociale en design graphique. »

Clément : « Après un Bac STI arts appliqués, j’ai enchainé en licence puis en master dans la première promotion du master Design Innovation Société. À la fin de mes études j’ai cofondé Etrange ordinaire, une agence de design de services spécialisée dans la conception participative. Depuis 7 ans, on collabore principalement avec des services publics, des collectivités, des mairies, des ministères, des départements, des régions pour travailler sur des problématiques sociales, comment mieux habiter, se déplacer, accueillir, transformer des services. Notre expertise repose sur le fait que notre processus de création est centré usagers. Dans le design de service et le design social, encore plus que dans n’importe quel champ du design, notre mission est d’inclure l’usager au cœur du projet, de manière participative. »

Quel était l’objet du workshop « ciment social » ?

Clément & Pauline : «  L’idée était de questionner les étudiants sur les notions de frontière entre le centre-ville et la périphérie de la ville de Troyes. Un travail sur la frontière physique et la frontière ressentie par les habitants qu’ils ont pu percevoir lors de leurs recherches.

N’étant pas troyens tous les deux, c’était intéressant pour nous de voir comment les étudiants nous parlent de la ville, comment ils l’analysent selon différentes portes d’entrée. Par exemple, pendant cette première étape de recherches, un groupe a pu noter que les services publics étaient concentrés sur une même zone de la ville et ont décidé de travailler sur un concept de services mobiles dans les différents quartiers. Certains sont allés interroger les usagers de l’hyper centre pour comprendre les problématiques principales de la ville. Le fruit de ces entretiens les a amenés à travailler sur les rez-de-chaussée inoccupés du centre-ville. D’autres se sont focalisés plus simplement sur un lieu qu’ils ont aimé pour l’emplacement, la lumière, les flux de circulation. »

Design social et design de service, quelles ambitions ?

Clément : « Dans le design social, il y un volet politique, il y a un engagement, des valeurs, une volonté de travailler autrement. Pendant ce workshop, on a cherché à impulser l’idée que le travail du designer, peu importe le projet, était aussi de trouver le moyen de mettre le citoyen en capacité d’agir. En somme, comment, à travers les projets, on fait l’expérience de la démocratie. L’espace publique appartient à tout le monde et c’est aussi à nous, de nous en emparer.

Pauline: « L’espace urbain m’a toujours passionné. Plutôt que de se cantonner à l’échelle d’un objet, d’un papier, c’est la grande échelle de l’environnement quotidien qui permet de se dire que le regard que je pose partout autour de moi est fait de design. A l’heure où les villes sont pensées comme des images de marque, c’est intéressant de questionner les étudiants sur leur rôle à jouer pour se réapproprier les espaces. »

Dans ce type de problématiques territoriales, quelle peut être la valeur ajoutée d’un designer ?

Pauline : « Pour moi c’est avant tout le partage de compétences, d’une culture de la création à des personnes qui n’y ont pas accès ou qui ne sont tout simplement pas sensibilisés à ces questions-là. C’est intéressant de voir comment dans l’équipe de pilotage d’un projet urbain, le designer graphique vient donner une culture visuelle à tous ses collègues. Ça permet de véritablement changer la vision de la ville. C’est un bilan positif à destination des usagers mais aussi pour les personnels qui découvrent tout un univers qu’ils ne connaissaient pas. Je trouve que ces échanges permettent vraiment de faire évoluer les projets dans la bonne direction. »

Clément : « Il y a une véritable plus-value car le designer apporte une vision, une culture créative que les collectivités n’ont pas forcément. On fait se rencontrer deux mondes opposés, l’administratif et le créatif. Ça permet de changer la façon d’aborder les problématiques, de travailler, de construire la ville. Au-delà de la proposition de solutions et concepts, parfois mon travail consiste à designer des méthodologies de travail pour faire en sorte que le projet se déroule bien et que tout le monde soit partie prenante. On travaille sur le développement d’outils qui vont faciliter la collaboration, l’inclusion. En tant que designers, on ne s’en pas forcément compte car c’est notre métier, nous sommes câblés comme ça ! On va arriver à rebondir sur des idées, à construire mais c’est moins évident pour des agents territoriaux qu’il ne faut surtout pas mettre de côté. Le designer agit comme un facilitateur dans tout ça ! »

Quelles sont selon vous, les qualités requises pour évoluer dans ce champ du design ?

Clément : « J’ai le souvenir d’un prof qui me disait qu’un designer doit être une éponge ! Et c’est tout à fait ça ! Il faut réussir à s’imprégner de tout ce qui nous entoure et plus encore dans le design de service, le design social, la qualité première c’est l’empathie. Se mettre à la place des usagers, car on ne peut pas concevoir quelque chose qui va améliorer son environnement, sa pratique du quotidien, sans se mettre à sa place pour réussir à comprendre les choses. »

Pauline : « A mon sens, c’est une hypersensibilité à l’environnement qu’on a au quotidien, que ce soit par la vue, notre savoir-faire manuel, notre sociabilité. Je pense qu’une autre grande qualité requise est l’envie du contact humain et le goût des autres. Il faut aimer discuter, échanger, être ouvert au partage, rencontrer des gens et maintenir ces liens dans le temps. »

Quel bilan tirez-vous de ces 4 jours de workshop ?

Pauline & Clément : « Nous attendions des étudiants la présentation d’un poster présentant leur démarche. Que l’on comprenne à travers un scenario d’usage, comment le concept/le projet peut se dérouler dans le temps. On a été agréablement surpris par la qualité des rendus, des recherches. Le défi était de taille vu le temps imparti très court mais ils ont fait un boulot exceptionnel. Ils ont réussi à bien s’organiser en équipe, à fournir des efforts de coordination. Il y a eu beaucoup de travail et de sérieux, c’était très agréable. On a pris beaucoup de plaisir à les accompagner sur ce workshop. »

Aperçu de quelques projets proposés par les étudiants.

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