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Entretien avec Ronan Posnic

Ronan Posnic est réalisateur dans l’univers de la muséographie, sa spécialité : le théâtre optique.

Dans le cadre de Design in the Shell, la semaine de workshop dédié au numérique proposée par Xavier Hollebecq, éclairagiste, plasticien, et professeur permanent à l’école, il a enseigné aux étudiants de 2e année sa pratique et les spécificités techniques de cette technologie magique.

Quel a été votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?

Côté diplômes, je suis titulaire d’une maîtrise de philosophie et d’un master info-comm Euromedias. J’ai débuté dans l’audiovisuel en 2006 à Paris en faisant des films de commande et en quelques années j’ai découvert le milieu des musées par le biais des hologrammes. J’ai eu l’occasion de collaborer avec Bruno Cohen, grand spécialiste des théâtres optique et rapidement notre binôme a bien fonctionné.

En quoi consiste votre travail ?

Je suis réalisateur et mes commanditaires sont des institutions publiques même si je suis amené à travailler pour des musées privés.

Ma mission avec l’équipe audiovisuelle est d’assister les scénographes, les designers, les muséographes qui ont en charge la conception d’une exposition. Ensemble nous réfléchissons pour voir comment utiliser les spécificités des outils audiovisuels pour concevoir des œuvres hybrides et qui vont, malgré la diversité des technologies utilisées, raconter une histoire et s’inscrire dans le parcours scénographique, pour mettre en scène ces contenus muséographiques de manière accessible, surprenante, intéressante, interactive.

L’hologramme est une technique qui existe depuis le milieu du 19e siècle, popularisée au théâtre, qui permet de faire apparaître une image fantôme par un jeu de miroirs transparents, un personnage qui va être virtuel et qui peut néanmoins évoluer dans un décor physique réel qui est devant le spectateur.

C’est un travail de conception et de réalisation, de suivi de projet, de tournage, de montage de post-production pour proposer les bons outils de médiation et de diffusion. On fait un peu de la Recherche et Développement, on cherche, on bricole, on fait un travail de maker, on maquette, on prototype en virtuel ou en physique et on réalise pour coller au mieux au propos et au projet imaginé par le designer/scénographe.

Concrètement ça créé un challenge car il y a une rencontre avec un public qui vient dans un espace physique qui fait une expérience physique avec quelque chose d’audiovisuel mais qui n’est pas forcément sur un écran. Au contraire, on recherche à abolir la notion d’écran pour projeter sur les murs, des reliefs avec des hologrammes pour immerger les visiteurs.

Qu’avez-vous enseigné aux étudiants pendant ce workshop ?

C’était une première pour moi d’encadrer des étudiants ! Et pendant trois jours et demi je les ai initiés aux hologrammes et au théâtre optique. C’est un format extrêmement contraignant techniquement mais qui lorsque l’on respecte ses contraintes et qu’on les exploite, on arrive à un résultat qui est toujours magique et surprenant.

J’ai choisi de les faire réfléchir au thème du mirage numérique. Pourquoi ce thème ? Et bien parce qu’un miroir transparent, on voit un reflet à travers et le mirage est une chose que l’on voit mais qui n’est pas vraiment là, ce qui colle bien à la technique du théâtre optique et tout ce que cela implique de rapport à la réalité. Et puis dans le cadre de la semaine du numérique, il était intéressant de les interroger sur cette révolution numérique que l’on est en train de vivre et qui touche tous les pans de notre existence. On voit tout ce que ça nous apporte de positif et en même temps, c’est tellement rapide et massif qu’on a aucun recul, et on se demande quelles vont en être les applications plus sombres ?

Cette technologie ancienne du théâtre optique on peut aujourd’hui la réemployer et la réinterroger avec les outils numériques. Au lieu d’avoir une image réelle, on peut générer des images que l’on va mettre dans cet hologramme, auquel on va pouvoir confier ce statut d’existant, pas existant et c’est un bon outil narratif pour évoquer l’univers sous-jacent qui est derrière nos écrans. Le fait de le matérialiser dans une transparence, dans un reflet illustre bien l’univers virtuel.

Techniquement, sur quoi ont-ils travaillé ?

La partie virtuelle de l’hologramme fonctionne parce qu’il est en conjonction avec un univers réel, c’est ce dialogue entre un monde matériel, réel, physique que l’on connaît, et cet univers virtuel qui donne toute sa magie au théâtre optique. Il y a donc eu, toute une partie expérimentation, fabrication, making pour proposer un décor. C’est quelque chose qui a été intéressant pour les étudiants qui ont pu avoir un travail de designer, de scénographe, notamment avec la lumière pour le décor physique. Ils ont dû explorer des matières, des couleurs, des formes physiques et ceux, de l’autre côté du miroir, qui ont pu travailler sur l’animation 2D, expérimenté la 3D, en fonction de leur sensibilité. Il a fallu les faire dialoguer pour que le tout fonctionne, il y a derrière ce workshop, un vrai travail d’équipe.

Quel regard portez-vous sur leurs réalisations ?

Il y avait beaucoup d’inconnues pour moi car je ne savais pas comment ils allaient réagir, quel serait leur niveau de curiosité et leur niveau de compétence. Cette technologie est bourrée de pièges techniques il y avait un risque qu’ils soient perdus et frustrés de ne pas les maîtriser. Je les ai trouvés courageux, curieux et ça les a amusés, ils n’ont pas eu peur de tester malgré les contraintes de temps, ils se sont emparés des outils avec un grand optimisme. Par exemple, certains se sont essayés pour la première fois à after effect et sans la moindre appréhension !

Quand on parle de théâtre optique on peut croire que c’est toujours la même chose et ils ont démontré l’inverse. Bravo aux 10 groupes qui ont proposé des projets très variés qui exploitent des caractéristiques du théâtre optique qui sont très différentes. Cela a abouti à des résultats très singuliers, impressionnants, très esthétiques, avec chacun leur univers, ils ont décliné les possibilités et ça été hyper sympa pour moi de les voir creuser et expérimenter tout ça !

Un conseil à nos futurs designers ?

J’ai insisté avec eux sur l’importance de la méthodologie de projet. Il y a différentes méthodes d’appréhender un projet, différentes manières de faire, ils vont trouver la leur. Cette idée du prototypage et de cycles d’itération à très court terme, est à mon sens la meilleure manière d’avancer. C’est en fabriquant les choses sur lesquelles vous êtes au clair que les zones d’ombre s’éclairent. Ils doivent réussir à se positionner en tant que juge de leurs propres travaux, pour avoir une fraîcheur, un recul qui permet de voir qu’il y a parfois peu de choses à modifier pour que le projet fonctionne. Mais cela ne fonctionne que dans une logique d’itération, il suffit d’amorcer la pompe au départ !

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